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24.03.20
Chambre
n°2
Etage n°1
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Le vaisseau insecte il a foncé dans l'hôpital et il a tout cassé. On s'est fait disputer par la sage femme. Elle nous à viré de notre propre repas de famille... J'avais trop faim, je suis retournée au chalet. J'ai rempli mon Tupperware de charcuterie et de cornichons, en cachette biensûr.
La neige est trop haute après tout.
"j'ai tout de suite pensé à ça"
Le foyer, un lieu de repli frileux où l’on s’avachit devant la télévision en pyjama informe ? Sans doute. Mais aussi, dans une époque dure et désorientée, une base arrière où l’on peut se protéger, refaire ses forces, se souvenir de ses désirs. Dans l’ardeur que l’on met à se blottir chez soi ou à rêver de l’habitation idéale s’exprime ce qu’il nous reste de vitalité, de foi en l’avenir.
Ce livre voudrait dire la sagesse des casaniers, injustement dénigrés. Mais il explore aussi la façon dont ce monde que l’on croyait fuir revient par la fenêtre. Difficultés à trouver un logement abordable, ou à profiter de son chez-soi dans l’état de « famine temporelle » qui nous caractérise. Ramifications passionnantes de la simple question « Qui fait le ménage ? », persistance du modèle du bonheur familial, alors même que l’on rencontre des modes de vie bien plus inventifs…
Autant de préoccupations à la fois intimes et collectives, passées ici en revue comme on range et nettoie un intérieur empoussiéré : pour tenter d’y voir plus clair, et de se sentir mieux.
"C'est chiant puis
mes mains s'ennuient "
Aujourd’hui j’ai construit un tipi. Il est énorme, je pense que c’est le moyen qu’au lieu d’être confiné, je deviens cocooné. Il a quatre faces, fait de bambous et d’une toile. On dirait un peu une pyramide. Je fais toutes mes siestes dedans. Je ne sais pas pourquoi, mais dès que ce moment approche, je pleure. Mes parents me disent que je suis fatigué, alors que pas du tout, je me sens en super forme. Mais il est vrai que je ne tiens pas très bien sur mes cannes.
Papa et Maman ne comprennent pas ce qu’il se passe. Car dans ces moments, je suis en pleine bataille. Le sommeil essaie de prendre le contrôle de mon corps. En s’attaquant d’abord à mon agilité ensuite à ma réflexion et pour finir à mes réflexes. Quand j’estime que je me suis bien battu, je capitule. Je lui accorde une petite victoire d’une heure ou deux (des fois trois). Mais le sommeil ne choisit pas où a lieu ma reddition. Et elle prend toujours place dans mon tipi. Dans mon fort, ma cabane, ma pyramide. Et quand je redémarre, il est parti le sommeil.
J’ai gagné. Comme un scarabée, j’ai arrêté de bouger et l’ai fait fuir.
Je sais qu’il reviendra, c’est sûr, il revient toujours. Mais cette fois-ci je me battrai plus fort.